dimanche 27 décembre 2015

Interview de Jérôme Gorgeot dans bd-best.com


Aujourd'hui nous rencontrons trois auteurs qui sont les piliers d'un concept plutôt original : Egoscopic. (...)


Commençons par le maître d'œuvre d'Egoscopic. Bonjour Jérôme. Expliques-nous d'abord ton parcours dans le neuvième art et qu'est ce qu'Egoscopic ?

Ma foi, jusqu’à la création d’Egoscopic, le dit parcours fut assez modeste. Plus jeune, j’ai créé quelques fanzines, participé à quelques autres... Je me suis lancé dans ma Bd autobiographique « Gorgeous comix » (3 tomes à ce jour). Puis en 2012, j’ai eu l’idée de créer un collectif BD autobiographique qui réunirait à la fois des dessinateurs reconnus et d’autres en devenir. Une démarche basée sur la solidarité entre auteurs, très « de gauche ». Tout moi, quoi...



Quel à été l'élément déclencheur de ce collectif qui en est déjà à son huitième tome ?

Lolmède, mon dieu en BD m’avait sollicité avec plusieurs autres dessinateurs pour participer à un collectif autour de l’anniversaire de la mort de Bon Scott, le 1er chanteur d’AC/DC.
J’avais également fait partie des 399 auteurs présents dans cet autre ouvrage collectif qu’était « Tous coupables ». Un bouquin pour soutenir Placid qui avait été condamné pour avoir caricaturé des flics « avec des traits porcins ». C’était franchement n’importe quoi et surtout scandaleux.
Mais bref, j’avais pris goût à ce principe de glisser mes planches dans un collectif aux côtés d’auteurs que j’admirais. Je me suis dit : pourquoi ne pas fonder notre propre livre ? Avec mon ami d’enfance David Foissard, on a donc lancé « Egoscopic » et les éditions « Studio FGH » en 2012. Secrètement, j’avais fait cet autre calcul qu’ainsi, j’allais pouvoir publier des BD de David, qui est un auteur trop rare dont j’adore le travail.

Une volonté de faire connaître une partie de la BD dite "underground" ?

Underground, indépendante... Oui, c’est l’idée. En tout cas, de nous essayer à une BD plus personnelle et donc plus libre. Dans les années 90, alors que la BD ne m’émoustillait plus guère, j’ai pris de plein fouet la révolution éditoriale que fut « l’association » avec Dupuy- Berbérian, Jean-Christophe Menu, Trondheim, Konture et compagnie... Quel pied ce fut !
« ego comme X », « L’employé du moi », « Cornélius »... Je m’en suis goinfré ! Mon rêve serait que notre démarche éditoriale, même par accident, s’approche un jour de ces modèles- là.


Envisages tu de passer à la grande distribution pour ton collectif ou au contraire désires tu garder un tirage plutôt intimiste?

Avec David Foissard (car on tient vraiment la « boutique » à deux), on ne conçoit cette aventure qu’à condition de constamment la faire évoluer. On est fait de ce bois-là. Il faut toujours qu’on relève un nouveau défi, qu’on monte la barre un peu plus haut à chaque fois. Tout sauf stagner... Sans compter qu’on n’est pas des poètes maudits. On fait des bouquins pour être lus par le plus grand nombre ; mais sans jamais nous trahir !

Donc oui, on continuera d’augmenter notre tirage. On songe aussi à développer les versions numériques de nos bouquins. David, qui a toujours de l’instinct, y croit dur comme fer. On a également en projet de proposer des versions peut être « remixées » d’Egoscopic pour le marché anglo-saxon...
Pour Egoscopic, indiscutablement, il y a un avant et un après Arnaud Poitevin. Lorsqu’il nous a rejoints au numéro 6, on a eu la nette impression qu’on montait encore d’un cran. Et ça nous a rendus d’ailleurs plus exigeants... 

Il y a panel non négligeable d'artistes à l'actif d'égoscopic, et certains déjà bien confirmé voir célèbres.
Verrons nous Egoscopic évoluer vers des auteurs de renoms?

Avec David, on ne raisonne pas tout à fait comme ça. Egoscopic s’enorgueillit de permettre à des auteurs moins connus d’être édités aux côtés d’autres qui sont des références. Mais sans citer de nom, il nous est déjà arrivés de refuser des planches d’auteurs « de renom » comme tu dis, tout simplement parce qu’elles sentaient le bâclé...
Pour autant, bien sûr qu’on adore lorsque des cadors nous font l’amitié de participer à Egoscopic. Quand un Ivars, un Lolmède, un Rémy Cattelain, un David Libens ou un Placid nous offrent une ou plusieurs planches, pourquoi le font-ils si ce n’est pour soutenir notre démarche, tendre la main à des auteurs moins connus qu’eux ?
Régulièrement, on se paye le culot de solliciter d’autres pointures de la BD. Un seigneur comme Margerin par exemple, au lieu de me rire au nez, me répond à chaque fois avec beaucoup de bienveillance et a même la gentillesse de finir ses messages par un « une prochaine fois peut être ». Nicolas Tabary (oui, celui d’Iznogoud !) nous a dit l’an dernier avec Jimm qu’il nous ferait peut-être un petit quelque chose le jour où il sera moins charrette.
On a en outre deux ou trois « auteurs de renom » avec lesquels nous sommes en contact assez étroit mais tant que ça n’est pas fait (et on ignore quand...), on préfère ne rien dévoiler.




As tu d'autres projets en tête que tu pourrais nous décrire ou du moins nous spoiler ?


Personnellement, outre la finition de mon « Gorgeoux comix » 4 courant 2016, j’ai un projet de BD lié au cinéma car je suis assez calé dans ce domaine-là. Limite gavant pour mon entourage. Je rêve aussi de faire un bouquin avec chacun de mes deux meilleurs amis : Jimm et David Foissard. Mais je cherche ce qui nous correspondra le mieux ensemble.

La devise de Jérôme c'est ?...

Une phrase de Roger Martin du Gard : "Tout est permis à condition de n'être pas dupe de soi-même"

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